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Marchand de sommeil : La Fondation se porte partie civile

La Fondation se porte partie civile dans le procès en appel du marchand de sommeil de la rue de Meaux, du 16 au 18 septembre, à Paris.

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Entre novembre et décembre 2020, se tenait un procès dit « de la rue de Meaux » lors duquel deux individus et trois sociétés avaient été condamnés pour des infractions en lien avec la location d’appartements insalubres dans un immeuble dangereux, dans le 19e arrondissement de Paris.
 
Les victimes avaient bénéficié de 80 000 € de dommages et intérêts. Les deux personnes physiques avaient été condamnées notamment à des peines de trois ans et deux ans d’emprisonnement (avec sursis pour l’un) et une interdiction définitive d’exercer l’activité de gestion de bien immobilier. La dissolution des deux sociétés civiles immobilières propriétaires avait été ordonnée et, fait rare, la saisie immédiate de l’ensemble des biens immeubles confisqués avait également été prononcée. 
 
La Fondation Abbé Pierre, qui accompagnait les occupants de l’immeuble depuis 2014 pour faire valoir leurs droits, s’était portée partie civile et avait salué la décision rendue à l’encontre de ces marchands de sommeil, qui n’avaient pas hésité à loger dans des conditions de vie indignes une vingtaine de ménages, tous en situation de vulnérabilité.
 
Parmi les victimes des marchands de sommeil, Kararzyna raconte le cauchemar qu’elle a vécu avec son mari et ses deux enfants pendant presque 10 ans, dans le garage de 20 m2 insalubre.
 
« C’était vraiment la guerre avec le propriétaire. On vivait dans la cour, dans le garage derrière l’immeuble. Il y avait 4 appartements dedans. Avec mon mari et nos deux enfants, on avait tout : des rats, de l’humidité partout sur les murs, des moisissures, une fenêtre en tissu. On était tout le temps malade. À la fin, on payait 800 euros de loyer. Il y avait le chauffage électrique en plus. Quand on est arrivé, le loyer était de 700 euros. »
 
Aujourd’hui, kararzyna vit avec les siens dans un Hlm, dans un appartement de 70 m2. Le loyer est de 800 euros, sans les APL. Le couple travaille et une petite fille, née il y a deux ans, est venue agrandir la famille.
 
« On s’est installé ici en mars 2019. Un vrai soulagement. C’est propre, c’est grand, c’est confortable, on a le chauffage collectif. On n’a plus jamais froid et plus personne n’est malade. Je veux vraiment oublier ces années noires...
Je vais essayer de venir au procès en appel, si je peux m’arranger avec mon travail. J’étais présente au procès en mars 2021, avec tous les autres locataires. L’Espace Solidarité de la Fondation Abbé Pierre nous a tous beaucoup aidés, seuls, on ne pouvait rien faire.
 
Je veux que ça se finisse maintenant et qu’on puisse détruire toutes les preuves, toutes les photos de notre ancienne vie. C’était trop de souffrance. »

 
Du 16 au 18 septembre 2024, se tient le procès en appel. La Fondation, toujours fortement mobilisée dans la lutte contre l’habitat indigne, se constitue de nouveau partie civile et suivra de près les débats judiciaires et l’arrêt de la Cour d’appel.
 
« Pour la Fondation, c’est très important de continuer à être présente à l’audience. Elle est très fortement impliquée depuis le début. D’abord, elle a accompagné les ménages, en les informant sur leurs droits, elle a eu une implication très forte sur le terrain. Ensuite, elle pourra expliquer la réalité des faits, revenir sur ce qui s’est passé pendant des années, ce qui est très utile pour les magistrats. Ils en sont très preneurs. Enfin, pour la Fondation, participer à ce jugement, c’est encore une fois s’assurer que les faits dénoncés sont reconnus par la justice », précisent Me Rigamonti et Daoud, qui représenteront la Fondation pendant toute l’audience.

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