Message de l’abbé Pierre
« Il n’y a pas de bonheur possible pour moi, pour ceux que j’aime, pour mes proches, si, de proche en proche, cela n’inclut pas le globe, si cela n’inclut pas l’unité humaine. »
En 2022, les conséquences de la crise sanitaire continuent de fragiliser les plus vulnérables d’entre nous et les paroles de l’Abbé – « servir premier le plus souffrant » – qui ont toujours fondé l’action de la Fondation, continuent d’être suivies d’action grâce à l’ensemble de ses partenaires associatifs qui distribuent avec elle nourriture, tickets-service, kits d’hygiène et autres produits de première nécessité, en France et à l’étranger.
Des premiers chiffres - 15 à 17 millions de victimes dans le monde – ont été donnés en mai dernier, illustrant combien la crise du Covid a profondément affecté le monde entier, n’épargnant aucun pays. Nous le constatons encore aujourd’hui tous les jours, les conséquences économiques et sociales de cette crise d’une nature et d’une ampleur inédites au XXIe siècle, ont bouleversé la planète, frappant davantage les pays les plus faibles économiquement, mais n’épargnant pas les plus puissants.
Sans exception, ces deux ans ont changé les manières de vivre, de travailler, de partager, nous questionnant sur la mondialisation et ses effets délétères. Mais il reste encore un long chemin à faire pour aboutir à un monde plus fraternel et solidaire dans lequel la question migratoire ne soit pas l’éternel parent pauvre, ou pire encore, le bouc émissaire.
« Je comprends que les Français aiment la France (et que chacun aime sa patrie), mais sur le plan où nous luttons, universel, il n’y a pas d’étrangers. »
Quand il s’agit de l’être humain, quand il s’agit de nos frères, les hommes, il n’y a pas d’étrangers. On ne peut aujourd’hui, dans notre Démocratie à l’origine de la Déclaration des Droits de l’Homme, laisser des adultes et des enfants, qui ont fui la guerre et la misère, dans la détresse et le dénuement. Avec la guerre en Ukraine, aux portes de l’Europe, l’accueil des migrants, l’hébergement digne et l’accompagnement de celles et ceux qui n’ont plus rien, n’est pas « juste » un sujet d’actualité, c’est une question d’humanité.
Nous devons dès maintenant témoigner et apporter des réponses pour que la génération à venir ne ferme ni les yeux ni les portes à l’être humain en souffrance. L’Abbé, éternel visionnaire, interpellait déjà le lecteur dans un édito de son journal « Faim et Soif », en 1956 : « Horreur et honte (mais pour qui ?) d’être « de trop ».
Raymond Etienne
Président du groupe de la mémoire de l’abbé Pierre.