Grâce à la plateforme, j'ai retrouvé ma dignité.
Le 19 février, Monsieur A-I s’installera dans un logement de 36 m2 après avoir vécu avec 25 personnes dans une maison divisée.
« La maison était partagée en 12 chambres séparées par de simples cloisons de placo et réparties sur 2 étages et le garage. Il y avait jusqu’à 3 personnes dans certaines chambres. Nous n’avions pas d’eau chaude, pas de chauffage et juste 2 réchauds pour faire la cuisine. C’était l’enfer, il fallait faire la queue pendant des heures pour faire chauffer son repas. On était plus de 25 à la queue leu leu tous les soirs... »
Et pourtant, Monsieur A-I a vécu « comme ça » pendant plus de 10 ans dans une chambre de 8 m2. Après un accident du travail, ce grutier venu s’installer à Montpellier pour rejoindre ses enfants, reçoit des soins à domicile. Les infirmières sont choquées par ce qu’elles voient. C’est finalement un ami, lui-même soutenu par la plateforme de la Fondation Abbé Pierre, qui lui conseille de téléphoner pour prendre rendez-vous et demander de l’aide.
« J’avais déjà écrit plusieurs lettres à la CAF, au maire, à la région et même au ministre ! Aucune réponse… Ici, au milieu des rats et des blattes, les gens étaient très vulnérables et ne voulaient pas dénoncer le propriétaire. On ne le voyait jamais. Mon loyer était de 360 euros par mois. Certaines personnes payaient 380 euros.
Au début, quand je me suis installé là, je me suis dit que c’était petit mais que ça pouvait aller quand même. La première année, nous avions de l’eau chaude et deux heures de chauffage en hiver… petit à petit ça s’est dégradé et le nombre de locataires augmentait dans la maison. Cela devenait de plus en plus dangereux car chacun amenait sa bonbonne de gaz dans sa chambre. »
« La plateforme a fait en 6 mois ce qu’ai essayé de faire pendant 10 ans »
Monsieur A-I n’a jamais arrêté de faire des démarches, mais c’est seulement lorsqu’il a commencé à être accompagné par la plateforme il y a 6 mois, que la situation a commencé à évoluer.
« Le diagnostic d’hygiène a été réalisé par la CAF, un huissier est venu… Et surtout, à la plateforme, on a écouté mon histoire et on m’a aidé à me défendre.
J’ai toujours payé mon loyer et le propriétaire n’a jamais voulu m’entendre… à un moment donné on ne peut pas laisser les gens vivre comme ça. Au total, j’ai écrit 68 lettres et je n’ai jamais eu de réponse.
C’est la plateforme qui m’a rendu espoir et qui m’a permis de continuer à me battre. Dans la maison, personne ne voulait le faire, de peur de se retrouver à la rue, sans rien. Mais on ne peut pas accepter de vivre comme ça très longtemps. »
Depuis janvier dernier, les locataires de la maison ne payent plus leur loyer et la CAF a bloqué le versement des APL au propriétaire. Monsieur A-I a récemment reçu des réponses, notamment une lettre du maire… Enfin, une proposition de relogement lui a été faite par un bailleur social.
« Je ne suis pas encore entré dans l’appartement, je suis juste allé regarder l’immeuble. J’avais les larmes aux yeux et le cœur chaud. Je ne remercierai jamais assez les personnes de la plateforme qui m’ont rendu ma dignité. Et qui dès le début m’ont soutenu. Maintenant, je vais continuer à me battre avec la plateforme car il faut que d’autres personnes puissent savoir qu’elles peuvent être aidées comme je l’ai été. On ne doit laisser personne vivre comme ça. Et il y a tellement de gens qui vivent dans la misère… ».
Pour la plateforme, il s’agit en effet désormais de poursuivre en justice le marchand de sommeil. Et c’est certain, Monsieur A-I sera là pour témoigner.