La précarité énergétique d’été : une nouvelle forme de mal-logement
Alors que le réchauffement climatique actuel fait vivre sous des températures étouffantes, autrefois exceptionnelles, la grande majorité des logements s’avèrent ne pas être adaptés à de telles chaleurs. Des milliers de personnes souffrent durement du chaud dans leur logement. La Fondation Abbé Pierre appelle les autorités publiques à se saisir de la question de la précarité énergétique d’été et à protéger les personnes qui en sont victimes.
La hausse des températures expose de plus en plus de personnes à une nouvelle forme de mal-logement : la précarité énergétique d’été. En 2022, près de 60 % des ménages ont souffert de la chaleur dans leur logement. C’est 8 points de plus en seulement 2 ans. Les plus vulnérables sont les personnes âgées dont la santé est fragile, les jeunes ou encore les habitantes et les habitants des quartiers populaires. Ces derniers sont davantage concernés par les ilots de chaleur urbains, dont le béton stocke la chaleur la journée et la rediffuse la nuit. « Vivre dans de telles conditions, ce n’est plus seulement une question de « confort d’été » mais d’habitabilité même de nos logements plusieurs mois par an. » déclare Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre.
Les ménages ne parviennent plus à maintenir une température acceptable dans leur logement ou se ruinent avec une climatisation bon marché. Les conséquences sur leur santé peuvent être dramatiques : problèmes de circulation sanguine, aggravation de pathologies, déshydratation, stress, dégradation du sommeil. « Des milliers de personnes sont victimes de la chaleur dans leur logement. Depuis la canicule de 2003 qui avait provoqué la mort de 15 000 personnes, l’été 2022 a été le plus meurtrier, avec un excès de mortalité de plus de 2 800 personnes durant les épisodes caniculaires. Il est urgent d’agir. » alerte Christophe Robert.
Les 5,2 millions de passoires thermiques impossibles à chauffer en hiver se transforment en bouilloires énergétiques impossibles à refroidir en été et sont inhabitables. Les causes sont similaires : isolations peu performantes, surexposition au soleil ou encore absence de protections ou de volets. Un propriétaire bailleur doit louer un logement avec une température minimum de 19 degrés, alors qu’aucune température maximale n’est indiquée, forçant ainsi les locataires modestes à improviser des solutions de survie ou à fuir leurs logements.
Lutter contre la précarité énergétique d’été nécessite de repenser l’organisation des villes et du bâti. Des solutions low-tech sont à portée de main, mais encore faut-il mettre les moyens pour les déployer. La température intérieure peut baisser de 2°C à 5°C grâce à de simples protections solaires et de 6°C à 7°C en peignant les toits en blanc. Végétaliser les villes et les logements peut aussi se révéler très efficace avec une différence de température pouvant atteindre 10°C. Par ailleurs, ces solutions sont des alternatives à la climatisation, une forme de « mal-adaptation » au changement climatique en plein boom, très polluante, injuste pour celles et ceux qui en subissent les rejets d’air chaud, et qui sont très cher à l’utilisation.
La Fondation Abbé Pierre appelle l’Etat, les collectivités et les propriétaires à protéger les personnes victimes de précarité énergétique :
- en équipant en urgence l’ensemble des bâtiments de protections solaires et de revêtements clairs
- en rendant ces travaux enfin éligibles aux aides de l’ANAH comme MaPrimeRénov’,
- et en lançant un grand plan de végétalisation à l’échelle des villes et des logements.
Retrouvez ici l'étude complète.
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